Sciences cognitives et apprentissages des élèves
Cette article est la synthèse d’une formation qui a eu lieu en 2020/2021 à destination des professeurs de SES de l’Académie d’Amiens.
L’intitulé de la formation est " Prendre en compte les apports des sciences cognitives pour proposer des situations d’apprentissage efficaces aux élèves" ?
La formation en distancielle est découpée en 2 parties :
- Présentation des sciences cognitives et des 4 piliers d’apprentissage pour concevoir des activités pédagogiques
- Quelles activités pédagogiques proposées à l’aide des outils et services numériques ?
Les 4 piliers de l’apprentissage
Les progrès des neurosciences permettent de s’interroger et réfléchir à la question des apprentissages. Les sciences cognitives ont identifié quatre facteurs principaux de réussite d’un apprentissage : l’attention, l’engagement actif, le retour d’information, et enfin, la consolidation.
- Pilier 1 : L’attention de l’élève
Il s’agit pour l’enseignant de canaliser et concentrer l’attention de l’élève sur ce qu’il souhaite faire apprendre.
En effet, un enfant ne peut pas apprendre ce qu’il ne voit pas. Il est important que les consignes soient explicites.
A l’enseignant de sélectionner les informations importantes. Cette sélection est d’autant plus importante qu’il est prouvé que le cerveau en se concentrant sur certaines tâches n’est pas en capacité de relever d’autres informations et de réaliser plusieurs tâches à la fois.
La vidéo du gorille illustre parfaitement ce mécanisme. En demandant aux élèves de compter le nombre de passes que réalisent les élèves en tee-shirt blanc, ceux ne voient pas le gorille traverser la pièce.
André tricot, chercheur en psychologie cognitive, montre également l’importance de concentrer l’attention des élèves et de déterminer des objectifs d’apprentissage clair.
- Pilier 2 l’engagement actif
C’est le principe directeur des sciences cognitives, un élève passif n’apprend pas. L’élève doit se mobiliser pour apprendre. Il existe différents niveaux d’engagement.
Le cône d’Edgar Dale hiérarchise sous forme d’un triangle l’efficacité de différents formes d’apprentissage. Il semble plus efficace de mémoriser ce que l’on dit ou fait que ce qu’on lit ou entend. La réponse tiendrait dans le niveau d’engagement de l’élève. Plus l’élève se pose des questions, reformule et cherche des réponses, plus l’apprentissage est efficace.
Par exemple, il semble plus efficace en terme d’apprentissage de chercher l’information, la reformuler pour comprendre et mémoriser.
Dans la seconde partie, nous proposerons des activités qui mobilisent et engagent les élèves. Les outils numériques ont ici toute leur place pour réengager les élèves sur ce qui a été transmis en classe.
- Pilier 3 : le retour sur l’erreur
Dans le cadre d’un apprentissage, l’erreur est normale et inévitable. Elle ne doit pas être immédiatement sanctionnée pour éviter les effets d’inhibition mais remarquée par l’élève. Le retour sur l’erreur pose la question de la nécessaire évaluation des apprentissage des élèves pour indiquer la bonne voie à l’élève.
L’usage du numérique peut favoriser le feedback et le traitement de l’erreur à travers des exercices auto-corrigés par exemple.
Pour la rédaction d’un paragraphe argumenté, l’usage de forums où participent d’autres élèves et l’enseignant transforment l’exécution de la tâche en privilégiant par une succession de réponses la recherche de la bonne réponse. Le cœur de l’activité n’est plus la réponse finale mais le processus pour y parvenir.
- Pilier 4 : La consolidation
Il s’agit de répéter régulièrement un tâche afin d’imprimer les connaissances sur le long terme et de les automatiser. Cette automatisation est cruciale car elle libère le cerveau qui devient disponible pour réaliser des tâches plus complexes.
Définir les objectifs d’apprentissage et leur progressivité
Il sera également important de prendre en compte la progressivité des activités proposées. La taxonomie de Bloom permet de formuler plus clairement ces objectifs
Voici quelques exemples d’objectifs pédagogiques fournis par la taxonomie de Bloom en lien avec les sciences économiques et sociales :
1) Se souvenir : c’est le fait de mémoriser des informations.
Opérations : définir, nommer, identifier, reproduire, etc.
2) Comprendre : c’est le fait d’interpréter de l’information en fonction de ce qui a été appris.
Opérations : décrire, reconnaître, reformuler,
3) Mettre en œuvre, appliquer : c’est le fait de sélectionner des informations pour réaliser un argument
Opérations : démontrer, illustrer, expliquer
4) Analyser : c’est le fait de mettre en relation des faits et des énoncés ou questions.
Opérations : problématiser, argumenter
5) Evaluer : c’est le fait d’estimer et de critiquer en fonction de critères que l’on se construit.
Opérations : disserter
Les différentes situations d’apprentissage recensées pour faire apprendre les élèves
Les différents types de tâches qu’on demande aux élèves de réaliser en classe n’ont pas beaucoup changé depuis plusieurs décennies, ce qui varie au cours du temps, ce sont les équilibres entre ces types de tâches et les supports pour les réaliser.
Tout le travail de l’enseignant est proposer des tâches adéquates et faisables pour que les élèves mettent en œuvre les processus qui leur permettront d’élaborer et atteindre les connaissances visées. Il s’agit également de vérifier l’efficacité de la tâche en fonction de l’objectif visé.
Cette efficacité sera mesurée à l’aune des sciences cognitives. Nous proposerons dans la partie suivante différentes activités selon l’objectif visé, une alternance de tâches pour renforcer les acquisitions de connaissance et nous nous appuierons sur des supports numériques.
Sitographie :
http://parisinnovationreview.com/article/les-quatre-piliers-de-lapprentissage-stanislas-dehaene
http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/difficultes-dapprentissage-et-pr...